Le culte de la beauté occidentale (ou la négation des autres beautés)

J’étais en train de préparer une revue soin en regardant l’émission « 7 à 8 » quand je suis tombée sur un reportage qui m’a scotchée sur ma chaise. J’en avais déjà entendu parler bien sûr et comme beaucoup de femmes je le remarque au quotidien dans la presse féminine et les communications des marques mais là, j’ai vraiment eu un choc. Ce reportage montre comment en quelques années la beauté est devenue le 4ème secteur économique en Chine, et pourquoi les Chinois sont devenus les 1ers consommateurs de chirurgie esthétique avant les Américains (qui ne sont pourtant pas reconnus pour leur parcimonie en la matière). On parle souvent de mondialisation en matière économique, mais en termes de beauté, l’idéal occidental prend de plus en plus de d’importance au dépend de la diversité des femmes.


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La course à la peau claire.

Dans beaucoup de cultures, la peau claire est synonyme de beauté et/ou de statut social élevé. Auparavant, dans les pays occidentaux, avoir la peau blanche montrait qu’on ne travaillait pas dans les champs et était donc une marque de statut social. Puis les mentalités ont évoluées, et les « croyances » se sont inversées : avoir la peau bronzée est devenue une manière de montrer qu’on avait les moyens de partir en vacances au soleil et les peaux claires ne sont plus synonymes de bonne mine bien au contraire, et on les colore à grand renfort de blush et autre terracotta, pour ne pas avoir « grise mine ».
Mais dans beaucoup de sociétés non-occidentales, la peau claire est restée un critère de beauté important, et il n’y a qu’à voir le succès des produits éclaircissants (et souvent très nocifs) auprès de nombreuses femmes à la peau foncée pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène. Dans le métro parisien par exemple, on a tous un jour croisé des femmes à la peau abîmée par des tâches de dépigmentation, ou dont le visage et les mains n’étaient pas de la même couleur que le reste de leur corps. Au risque de développer plus tard un cancer de la peau, ces femmes sont prêtes à tout pour s’éclaircir ne serait-ce que d’un ton.
J’ai été stupéfaite de voir qu’en Chine, ce culte de la peau claire existait aussi. Et de la même façon que dans les îles qui ont connu l’esclavage on fait une différence entre les personnes en fonction de la teinte de leur peau, en Chine, plus on a la peau claire, plus on est censée être belle et avoir un statut social élevé. Et pour cela, certaines femmes vont jusqu’ à s’infliger des perfusions hebdomadaires de produits chimiques.

A la poursuite des centimètres en plus.

Il y a déjà eu plusieurs reportages sur les opérations d’extension des jambes, et à chaque fois on est saisi par le même malaise (pour info : je mesure 1.59m, et j’ai souvent voulu être plus grande au moins pour atteindre la limite des 1.60m, mon rêve ;-)
Cette opération comportant des risques très élevés (décalcification, nerfs et muscles abîmés), la Chine l’a officiellement interdite en 1996. Or, chaque année, des patientes chinoises continuent à endurer plusieurs longs mois d’hospitalisation pour gagner quelques centimètres en plus. Pourquoi ? Parce que de plus en plus d’entreprises ajoutent des critères de taille dans leur processus de recrutement, par exemple 1,62m pour devenir  vendeuse, parce que « pour être une bonne vendeuse il faut être grande » (dixit une personne du reportage). C’est vrai que c’est pratique pour attraper des objets en hauteur, mais les escabeaux, ça existe non ? Vous avez dit discrimination ?

A la recherche du visage « parfait ».

Une des opérations de chirurgie esthétique les plus pratiquées est débridage des yeux. Une jeune femme interviewée a même avoué que pour avoir le regard plus ouvert, elle se collait les paupières tous les matins avant de se maquiller… De la même façon, avoir le visage rond, l’arête du nez peu marquée, et les narines un peu larges sont devenus des défauts à corriger à tous prix. Il faut dire qu’encore une fois, la « beauté » est devenu un critère de sélection dans le monde du travail : même avec des compétences, une Chinoise qui ressemble à une Chinoise, aura moins de chance d’être recrutée, car comme le disait une recruteuse du reportage : dans ce cas elle conseillerait à la candidate d’aller faire quelques opérations pour s’affiner le nez par exemple puis de repostuler ensuite. Sur un marché de l’emploi où les jeunes qualifiés sont de plus en plus nombreux et où le chômage a augmenté, tous les critères semblent bons pour sélectionner ses futurs salariés.

Affligeant non ?

Quand on parle de beauté, la première chose qui vient à l’esprit c’est souvent le diktat de la minceur, mais je trouve encore plus choquant et révoltant cette tendance qui vient gommer les spécificités  des uns et des autres. D’où qu’elles viennent, toutes les femmes peuvent être belles, quels que soient la couleur de leur peau, les traits de leur visage et la longueur de leurs jambes.


Jolie rousse à la peau laiteuse ou belle brune à la peau chocolat, toutes les beautés sont précieuses.