J'ai testé "l'hydroculture totale" sur mes orchidées.

Le jeudi c'est orchi-dées ! J'ai parlé plusieurs fois d'hydroculture sur mon blog et je sais que certains ont été intrigués par cette méthode, alors aujourd'hui je vous partage un bref récap de mon expérience et des résultats que j'ai obtenus avec ce mode de culture.

Tout d'abord, juste pour préciser : je ne suis pas une experte des orchidées, mais en 3/4 ans j'ai appris petit à petit ce qui marchait ou pas avec les miennes. Evidemment, la culture de ces plantes dépend en grande partie des conditions de culture qu'on peut leur offrir (température / humidité / lumière / substrat). Donc ce qui réussit chez moi, ne réussira pas forcément chez vous (c'est triste mais c'est la dure réalité orchidéenne, faut s'y faire)

Ce que j'appelle "hydroculture totale" : le fait de cultiver une plante sans aucun substrat (terre, sphaigne, ou mélange d'écorce), juste avec de l'eau. Certains remplacent l'eau par une solution nutritive, mais pas moi. 

Pourquoi je me suis penchée sur ce type de culture ?

A mes débuts j'ai perdu beaucoup d'orchidées en raison de conditions de cultures non adaptées (pas assez de lumière et trop d'arrosage). J'ai donc commencé à chercher des solutions pour sauver celles qui pouvaient encore l'être et je suis tombée sur un excellent article détaillé que je vous recommande, si vous voulez bien faire les choses : http://lalam.pagesperso-orange.fr/orchigazette/hydroculture2.htm

Au départ, j'ai donc tenté l'hydroculture sur billes d'argiles et j'ai eu des résultats suffisamment mitigés pour ne pas en devenir une fervente adepte. Pour résumer :
  • des résultats intéressants au début sur les orchidées à fines racines (Dendrobiums, Oncidiums, Zygopétalums, Brassia / voir le post : des Dendrobiums les pieds dans l'eau et heureux) mais sur le long terme, je suis un peu dubitative : clairement, là avec un recul d'un an alors que presque toutes mes orchidées bourgeonnent, celles qui sont en billes d'argile végètent (une seule refloraison en un an). En revanche, depuis quelques mois je tente un mélange 50/50 sphaigne + billes d'argile sur ma Brassia et Zygopétalum et depuis ces deux-là ont l'air en bien meilleure forme.
  • des résultats positifs sur les minis Phalaenopsis au tout début (nouvelles racines) puis apparition de problèmes de nécroses noires, et sur les grands Phalaenopsis de graves problèmes de moisissures et de pourritures sur les racines / voir le post récap : Comment j'ai sauvé mes Phalaenopsis)
  • par contre, rien à voir, mais je viens de passer deux Amaryllis en hydro sur billes d'argile et je n'ai jamais vu autant de nouvelles racines en si peu de temps ! C'est clair, c'est la fiesta. Un des deux est même en train de me faire une 5ème et une 6ème hampe florale ;-)
Malgré mon bilan mitigé, bien des personnes sont ravies de ce mode de culture, même si pour les Phalaenopsis, nombreuses sont celles qui ont abandonné sur le long terme. Mais encore une fois, tout dépend de la plante, de l'environnement et... de la qualité des billes car certaines retiennent plus ou moins bien l'eau. Pour vous donner une idée des succès qu'on peut obtenir quand on est un expert (américain d'ailleurs l'expert ;-)    http://www.firstrays.com/shphotos.htm

Dans quels cas j'ai utilisé l'hydroculture totale ?

Normalement les orchidées qu'on passe en hydro doivent être en bonne santé et en période de croissance pour qu'elles fassent rapidement de nouvelles racines adaptées à la vie dans l'eau (ça c'est la théorie). En pratique, on passe souvent à l'hydro totale quand on se retrouve avec une plante à l'agonie et qu'on sait que de toutes manières, il n'y a plus rien à perdre (ça c'est mon cas).
A ce jour j'ai réussi avec mes deux Minis et mon Grand Phalaenopsis (ceux-là même qui avaient déjà tâté de la bille), et ils ont tellement bien repris du poil de la bête qu'au bout de quelques semaines, ils avaient suffisamment développé leur système racinaire pour que je les passe en sphaigne pure. Par contre, depuis deux mois environ, j'essaie de remettre sur un pied un 4ème Phal que j'ai reçu à moitié mourant, et là clairement c'est plus difficile : une partie des anciennes racines se sont adaptées à l'eau mais les feuilles font toujours grise mine, et je ne vois qu'un soupçon de minuscule petite pousse.
J'ai aussi mis mon Oncidium Goldianna les orteils dans l'eau, pour le moment il fait quelques nouvelles racines et pseudo-bulbes mais il n'est pas encore tiré d'affaire sachant qu'il revient de loin (voir le post : Mon Oncidium Goldiana sur un air de Gloria Gaynor).

Comment j'ai fait ?

D'abord, suite à plusieurs échecs, je précise que maintenant, quand j'ai une orchidée qui a un problème de racines, au lieu de couper toutes les parties abîmées pour ne laisser que les racines saines, je ne coupe plus rien du tout. Je pars du  principe que dans la nature, personne ne vient "épiler" les plantes et qu'il vaut mieux avoir des racines en mauvais état que pas de racines du tout. En plus, en ce décomposant, les racines qui pourrissent forment de l'engrais naturel. Pour tous les pros, ce choix est une "hérésie" mais pour avoir testé les deux, j'ai vite compris ce qui était plus efficace chez moi. Quand une orchidée est affaiblie, lui couper une partie ou la totalité de ce qui lui reste de racines n'est pas forcément lui donner de meilleures chances de se refaire une santé. Alors qu'avec ses moignons elle peut encore faire deux-trois trucs intéressants. CQFD.

Mon matériel de sauvetage pour orchidée à l'article de la mort : 

  • un pot transparent avec des trous d'aération (une bouteille en plastique coupée en deux avec des trous fera aussi l'affaire) dans lequel je place l'orchidée. Je fais en sorte qu'il y ait au moins 1 cm d'eau au fond et je laisse le bout de quelques racines trempouiller dedans. Certains "experts" en avaleront leur barbe en lisant ça, mais oui, mes orchidées aiment boire un peu à la paille. Certaines racines vont pourrir au contact de l'eau et d'autres vont s'y habituer.
  • un vase transparent pour mettre le pot dedans
  • de l'eau faiblement minéralisée (j'utilise la Mont Roucous)
  • et sur un forum j'ai dégoté une astuce : utiliser de la ouate et du charbon d'aquarium.  La ouate pour "boucher" un peu l'ouverture du pot/bouteille pour que l'humidité reste à l'intérieur tout en laissant circuler l'air. Et les granulés de charbon au fond du pot évitent que l'eau ne croupisse

Le vase, la ouate et le charbon d'aquarium.
Il ne manque que le pot en plastique.

Les nouvelles racines se mettent rapidement à pousser.


Les résultats :

Depuis quelques mois, mes trois Phalaenopsis "cobayes" se sont si bien remis de leurs émotions qu'ils sont passés en sphaigne pure, un super substrat quand on arrive à gérer, et le grand me fait même une refloraison sur sa hampe (que  j'ai refusé de couper, je suis partisane de laisser les plantes faire leur vie ;-) Pour mon Oncidium, je patiente.

Des inconvénients ?

Personnellement, je n'en voit pas si on fait bien les choses, car la plante boit quand elle a soif.  Le pot et les vases transparents permettent de surveiller de près l'évolution de la plante, et pour éviter les larves d'insectes, il suffit de changer l'eau du vase toutes les semaines.


Voilà, vous en savez autant que moi maintenant ;-)

Mon grand Phalaenopsis après passage en sphaigne.

La repousse sur la hampe  de mon grand Phalaenopsis.

J'espère bientôt revoir les belles fleurs de mon grand Phalaenopsis.